Tout ce qu’il faut savoir sur l’histoire du passage Jouffroy

La Révolution française a rabattu les cartes sociales. La monarchie ayant été réduite à néant, les privilèges du Clergé ayant été abolis, une nouvelle classe sociale prospère à Paris. La bourgeoisie s’enrichie grâce aux spéculations immobilières et développe de nouveaux modes de consommation. Sur le même modèle que les bazars orientaux, les passages couverts voient le jour au début du XIXème siècle. Le passage Jouffroy, construit en 1846, en est un des plus emblématiques. Pour quelles raisons ? Réponses en 4 points.

Une forme atypique

Du nom de Félix de Jouffroy-Gonsans, propriétaire des terrains sur lequel le passage fut bâtit, ce passage possède une configuration hors du commun. Les commanditaires avaient pour projet de construire deux passages dans la continuité du passage des Panoramas, déjà existant (l’autre étant le passage Verdeau). Edifié sur le tard, la complexité se trouve alors dans la construction du site à travers des bâtiments déjà existants et sur des parcelles qu’on a bien pu racheter.

Trois parcelles sont acquises mais, loin d’être linéaires, elles nécessitent alors de la part des architectes un habile jeu de mise à niveau : le passage tourne à angle droit et parcourt quelques mètres afin de descendre quelques marches.

© La Tête en l’Air

Un témoin de l’évolution technologique du XIXème siècle

L’ensemble est finalement harmonieux grâce une architecture propre aux passages couverts : une verrière vient apporter la lumière zénithale ainsi qu’une protection pour les passants contre les intempéries extérieures.
Le passage est aussi un témoin de l’importante évolution technologique et de la maîtrise des structures en fer : c’est le premier passage parisien entièrement construit en métal et en verre. Seuls les éléments décoratifs sont en bois. C’est également le premier passage chauffé par le sol, dont on observe encore les plaques aujourd’hui. Si le chauffage ne fonctionne plus depuis longtemps, il s’agit en revanche du dallage d’origine, qui a été rénové lors d’une campagne de restauration en 1987.

L’architecture du passage témoigne bien de l’évolution assez nette qui s’est dessinée à partir des années 1835-1840. Les proportions sont plus amples, la décoration est plus lourde et deux horloges indiquent l’heure au passant, chose assez rare dans les passages antérieurs.
Un libraire pourvu d’un fonds de livres anciens et d’occasion, occupe depuis l’origine la moitié de la branche nord du passage, en utilisant avec astuce le mur mitoyen aveugle.

© La Tête en l’Air

Un vrai lieu de vie sociale

On trouvait au passage Jouffroy quelques lieux propres à attirer la foule des flâneurs parisiens. L’entrée du passage était flanquée de deux cafés populaires et plusieurs restaurants firent les grandes heures du site. Au sous-sol, s’était établi une salle de danse intitulée le bal Montmartre, qui fut ensuite remplacée par un petit théâtre spécialisé dans les marionnettes et la prestidigitation.

Mais la grande attraction du passage Jouffroy, demeure, depuis 1882, le Musée Grévin. Alfred Grévin était à l’époque, un caricaturiste et créateur de costumes de théâtre célèbre. Il s’associe à Arthur Meyer, propriétaire du journal « Le Gaulois », pour créer une galerie de personnages en cire. La sortie du musée donne dans le passage, ce qui en fait la raison principale de la survie du passage depuis 150 ans.

Musée Grévin
10, boulevard Montmartre, 9ème arrondissement
Métros Richelieu-Drouot / Grands Boulevards

La particularité de l’hôtel Chopin

L’hôtel Chopin date de l’ouverture du passage Jouffroy en 1846, faisant de lui un plus vieux hôtels parisiens, ces établissements étant très peu nombreux dans la capitale avant le développement des transports urbains. A l’origine appelé hôtel des Familles, cet établissement a la particularité de ne pas avoir de serrure à sa porte d’entrée. Il est donc ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 depuis 170 ans !
Il est renommé hôtel Chopin en 1970 en hommage au compositeur qui passait régulièrement dans le passage pour se rendre dans les salles de démonstration des pianos Pleyel depuis chez lui…

Hotel Chopin
Passage Jouffroy
10, boulevard Montmartre / 9, rue de la Grande-Batelière, 9ème arrondissement
Métros Richelieu-Drouot / Grands Boulevards

© Hôtel Chopin

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