A la découverte du quartier de la Nouvelle-Athènes

Vous avez peut-être entendu parler de la Nouvelle Athènes, sans trop savoir exactement où cela se trouve. Voisine du quartier Saint-Georges, elle possède des particularités architecturales qui lui ont donné ce surnom. De quel quartier s’agit-il ? Quelle élite artistique y a habité, marquant à jamais ce quartier au sud de Pigalle ? Quel est son passé sulfureux ? Par ici, la visite !

L’installation de l’élite parisienne du Romantisme

Dans l’ancien quartier des Porcherons, plein de cabarets et de guinguettes, viennent s’installer, sous la Restauration, un grand nombre d’écrivains, comédiens, musiciens et peintres, qui souhaitent s’éloigner du centre parisien et être aux plus proches des théâtres, galeries couvertes et autres grands magasins. Issus du mouvement romantique, ces artistes de l’élite parisienne se font construire hôtels particuliers et immeubles démontrant d’une certaine grécomanie, en lien avec le philhellénisme croissant et qui contribue à l’adoption de ce surnom pour ce nouveau faubourg.

© La Tête en l’Air

Ary Scheffer (dont l’hôtel particulier a été transformé en musée de la Vie Romantique). Delacroix, Ingres ou encore Géricault passeront par le quartier de la Nouvelle-Athènes. Chopin et George Sand ont leurs quartiers tout proche, au square d’Orléans. Gustave Moreau se construit une belle maison pour y intégrer son atelier (on peut encore le visiter aujourd’hui). Alexandre Dumas, Victor Hugo, Pissaro, Monet, ou Marie Dorval et Pauline Viardot fouleront le sol de ce quartier de plus en plus « antiquisant ».

Musée de la Vie Romantique, 16, rue Chaptal, Paris 9ème
Métro Pigalle

Musée Gustave Moreau, 14, rue Catherine de la Rochefoucault, Paris 9ème
Métro Saint-Georges

© La Tête en l’Air

Un surnom en raison d’une architecture néo-classique

Le 27 de la rue Victor Massé, construit entre 1845 et 1850, présente une architecture de style Louis-Philippe. D’inspiration néo-Renaissance, ce style se veut éclectique avec une surabondance de détails décoratifs. Pilastres composites, médaillons, frises, candélabres à fleurons, ces détails accrochent tout de suite l’œil sur cet immeuble d’angle et viennent égayer les façades neuves de ce Paris romantique de l’époque.

© La Tête en l’Air

Le 25 rue Victor Massé est un condensé d’histoires à lui tout seul. Monument historique pour sa façade typique de l’architecture du quartier de la Nouvelle Athènes, il fut habité par Vincent Van Gogh, installé chez son frère Théo au deuxième, puis au cinquième étage cour. Il accueillit la première galerie d’art tenue par une femme, Berthe Weil, à partir de 1901.

© La Tête en l’Air

Voici un exemple de « Folies » qu’il était de bon ton, quand on était bourgeois ou artiste aisé au XIXème siècle, de se faire construire dans le récent quartier tendance de la Nouvelle Athènes. Cet ancien hôtel a appartenu au comte de Cambacérès puis de Clary. Avec son jardin en terrasse, sa véranda et sa frise de peintures grecques au premier étage, cette jolie demeure de style Restauration vaut le coup d’œil.

© La Tête en l’Air

Un quartier sulfureux et libertin

Avec l’arrivée de cette nouvelle population argentée et intellectuelle, d’autres activités sulfureuses se multiplient, celles des maisons closes, et des courtisanes. La présence de ginguettes et cabarets voisins voient l’apparition de celles qu’on va désormais appelées « les Lorettes ».

Hauts lieux des plaisirs à l’abri des regards, les maisons closes rencontrent un succès sans précédent. On n’en décompte pas moins de 200 au début du XXème siècle. Si le 9 rue de Navarin, dirigé par Madame Christiane, était un des lieux de plaisirs les plus réputés de la capitale, les « Trois Pyramides » était un des plus discrets, dont le batiment conserve encore les détails esthétiques, comme le vitrail ou le numéro de rue très ornementé.

© Ricardalovesmonuments / Wikipédia

Des règles administratives imposaient aux maisons closes une relative discrétion. Les éventuels clients pouvaient reconnaître un lupanar parisien à quelques codes extérieurs : une lanterne rouge ou un néon, une porte équipée d’un judas grillagé ou surmontée comme ici d’un « gros numéro » esthétiquement travaillé qui s’ajoute à la plaque administrative.

9, rue de Navarin, Paris 9ème
Métro Saint-Georges

32, rue Ballu, Paris 9ème
Métro Place de Clichy

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