Après la découverte de Nikkō (en fin de typhon) et la mégalopole étourdissante de Tokyo, place à la découverte d’une petite île secrète dédiée à l’art moderne et contemporain, l’île de Naoshima, ainsi que la découverte de Kyoto, qui marquera l’apogée de ce voyage nippon et qui sera un de mes plus beaux souvenirs de voyage. Mais pour quelles raisons ?
Pour (re)découvrir la première étape de mon voyage en Japon, entre Nikkō et Tokyo, c’est par ici !
Pour (re)lire la dernière partie de mon voyage nippon, entre Osaka et Himeji, c’est par là !
Pour (re)voir mes conseils de voyage au Japon, c’est par ici !
Journée 6 : Tokyo > Naoshima
Pour cette 6ème journée, nous déclenchons notre Japan Rail Pass pour nous diriger vers la petite île de Naoshima. J’avais hâte de tester le Shinkansen, équivalent japonais de notre TGV. Si le train en lui-même est plutôt similaire, beaucoup de « détails » diffèrent, comme le fait de faire sagement la queue pour rentrer, de voir les trains arriver à la seconde près ou que les sièges peuvent pivoter pour être toujours dans le sens de circulation.
Après 3h de Shinkansen, nous arrivons à la gare de Okayama et prenons une correspondance pour la petite ville de Tamano. Une fois sur place, nous prenons une navette vers l’île de Naoshima où nous allons séjourner pour deux nuits. Cette île est devenue un domaine artistique très prisé des amateurs d’art contemporain grâce à la Fondation de l’homme d’affaires Fukutake Soichiro, qui choisit l’île comme écrin pour accueillir sa riche collection d’art moderne. Depuis, de nombreux artistes viennent y séjourner.
Journée 7 : Naoshima
Cette journée insulaire marquera notre journée la plus chaude du voyage ! Nous prenons une navette, qui fait le tour de l’île, pour commencer notre balade artistique à Marina Station. Après avoir observé le pavillon de Naoshima et la « Red Pumkin » de Yayoï Kusama, nous nous dirigeons vers les bains publics « I Love Yu ».
Nous retraversons l’île vers l’ouest pour découvrir plusieurs petits pavillons qui font office d’ateliers de résidence d’artistes. Haisha (Home Project), Art House Project « Kadoya », Art House Project « Go’o Shrine », Art House Project « Ishibashi », Naoshima Plan « The Water », le Ando Museum, Minamidera sont des petits sites artistiques à découvrir dans le village. Entrecoupé par une pause déjeuner très appréciée (vive les soba frais !), nous nous dirigeons à présent vers le Benesse House Museum au sud de l’île.
Ce musée d’art moderne, construit par le célèbre architecte Tadao Ando, est aussi impressionnant par sa collection que par l’architecture de béton qui s’ancre parfaitement dans le paysage verdoyant. D’autres sites d’art sont à découvrir sur cette partie de l’île, mais la fatigue commence à se faire sentir et nous rêvons d’une bière bien fraîche.
Nous redescendons à pied vers la petite baie en contrebas, qui offre une vue magnifique, avec comme clou du spectacle, la carte postale de l’île, la « Yellow Pumpkin » de Yayoï Kusama. Nous nous arrêtons sur la jolie terrasse de l’hôtel Benesse. A croire que le concept de terrasse avec vue est un plaisir très français car toutes les tables sont prises par des concitoyens ! Pour un peu, on ne se croirait pas à l’autre bout du monde ! Le temps de discuter avec nos voisins, nous rentrons à pied vers notre hôtel car nous repartons le lendemain.
(Attention, un typhon en août 2021 a considérablement endommagé plusieurs œuvres sur l’île, dont la « Yellow Pumpkin ». Renseignez-vous avant de partir si la visite de l’île vous intéresse).
Journée 8 : Naoshima > Kyoto
Nous passons la matinée dans les transports en commun, nous allons découvrir pour les trois prochains jours la ville de Kyoto. Ce sera mon coup de cœur du voyage. Beaucoup plus ancrée dans les traditions que la mégalopole de Tokyo, Kyoto fut la capitale du Japon de 794 à 1868. Elle concentre donc beaucoup de monuments historiques, de sanctuaires et temples et des quartiers totalement préservés de modernité.
Nous arrivons sur site le 14 août et tombons donc en plein festival de O Bon, que j’avais déjà évoqué dans la première partie de mon voyage à Tokyo. Ce festival des morts, équivalent de la Toussaint catholique, est le point d’orgue des bouddhistes nippons. De nombreux japonais rentrent dans leurs familles pour célébrer et honorer les morts pendant 3 jours et s’occuper des tombes de leurs ancêtres. Nous aurons la chance inouïe de découvrir cette fête et cela constituera le point d’orgue de mon voyage.
Lorsque nous arrivons à notre guesthouse, notre hôte nous indique les lieux à découvrir dans la ville et nous précise que, dans le cadre d’O Bon, plusieurs temples sont exceptionnellement ouverts le soir. Elle nous conseille de consacrer notre soirée à ces visites nocturnes.
Mais avant ça, nous louons des vélos et nous dirigeons vers notre première étape kyotoïte, le Nijo-jo. Il est construit par Tokugawa Ieyasu (encore lui ! J’en parle dans la première partie de mon voyage à Nikkō) en 1603. Avec une surface totale de 275 000 m2, ce château est constitué de 2 cercles de fortifications, 2 palais, divers bâtiments de soutien et des jardins. L’ensemble est absolument magnifique, surtout la porte principale de Ninomaru, et c’est la première fois pendant mon séjour que j’arrive à visualiser (un peu) ce que pouvait être la vie dans le Japon du XVIIème siècle. C’est un immanquable !
En sortant, nous entamons une petite balade de la ville historique en vélo. Malgré la chaleur moite de ce mois d’août, la promenade est très agréable. La fin de journée arrive et nous continuons notre tour vers les temples conseillés par notre hôte. Nous commençons notre visite par le Ryozen Kannon.
Construit après la Seconde Guerre Mondiale, ce temple bouddhiste possède une statue de 24 mètres de hauteur de la déesse de la Miséricorde Kannon. Situé sur les hauteurs de la ville, nous profitons d’un panorama de la ville au coucher du soleil. La nuit tombante, nous continuons notre promenade jusqu’à l’entrée du temple Kōdaï-ji. Mon cœur va définitivement chavirer…
Si ce temple ne présente, en principe, que peu d’intérêt à côté d’autres temples phares de la ville, la visite nocturne marque pour moi l’apogée de ce voyage nippon. Il est difficile de mettre des mots sur les émotions ressenties lors de cette promenade de nuit et malgré mon agnosticisme, j’avoue avoir été particulièrement touchée par l’atmosphère qui se dégageait du site.
J’avais été profondément marquée par le dessin animé « Princesse Mononoké » de Hayao Miyazaki lors de sa sortie en salle, et j’ai retrouvé la même atmosphère lorsque je suis arrivée au bord de ce petit étang, où les arbres se reflétaient dans l’eau. J’avoue avoir passé de longues minutes assises au bord espérant la visite d’esprits de la forêt !
Après cette promenade nocturne, nous voyons au loin de nombreux lampions à flanc de collines. Intriguées, nous nous dirigeons vers le site. Il s’agit du cimetière Higashi Otani, éclairé par des centaines de lampions que les familles allument pour célébrer leurs ancêtres. Ce spectacle est à couper le souffle, pour nos yeux d’occidentales. Le rapport aux morts est bien différent suivant nos cultures !
Journée 8 : Kyoto
Nous nous levons très tôt car nous allons visiter le site le plus touristique de Kyoto et je veux absolument y aller avant l’arrivée massive de visiteurs. Le temple Fushimi Inari-Taisha est un complexe shintoïste de petits sanctuaires disséminés sur l’ensemble de la montagne et est célèbre pour ses milliers de toriis vermillons (très photogéniques). Ces toriis sont des dons faits par des particuliers, des familles ou des entreprises à la déesse Inari, ce qui explique leur grand nombre.
J’avais eu un coup de foudre lorsque je l’avais vu dans le film « Mémoire d’une geisha » (que je vous conseille fortement de visionner, après avoir lu le livre d’Arthur Golden). Nous arrivons donc sur site à 8h, et il fait déjà bien chaud et humide. Nous achèterons lors de l’ascension de petites serviettes pour éponger nos visages trempés. Outils IN-DIS-PEN-SABLES !
La superficie totale du sanctuaire est de 870 000 m2, prévoyez donc plusieurs heures, de bonnes chaussures de marche et de l’eau car ça grimpe ! Mais le complexe est magnifique avec ces toriis à perte de vue et très dépaysant. Une vraie parenthèse enchantée. Après plusieurs heures de visite à nous perdre parmi les sanctuaires, nous arrivons par hasard devant le temple Tofuku-ji, qui contient un Sanmon datant de 1236. Cette porte est la plus importante d’un temple bouddhiste et celle-ci est le Sanmon le plus ancien de tout le Japon.
Après la visite, nous nous dirigeons vers le marché aux poissons Nishiki de Kyoto à la recherche d’un chirashi bien mérité. Nous profitons des étals pour gouter à quelques curiosités, tels que des mini-poulpes (délicieux…) et profitons aussi de l’occasion pour acheter, dans une friperie, des vestes de kimonos en soie et des haoris. Ravies de nos achats, nous nous rassasions de poissons crus, comme j’ai rarement mangé (parole de bretonne !). Repues et ravies, nous nous dirigeons désormais vers la dernière étape de la journée, le temple Kinkaku-ji.
Le temple du Pavillon d’Or est construit à partir de 1397 et est, comme son nom l’indique, recouvert d’or pur. Il survit à de nombreuses guerres à travers les siècles jusqu’en 1950, incendié par un moine fou. Il est alors reconstruit à l’identique. Même s’il a perdu son caractère de patrimoine national exceptionnel, le temple fait toujours partie des visites touristiques de la ville et fait partie de l’ensemble inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Après cette visite et cette journée bien remplie, nous décidons de rentrer en taxi et non en transports en commun. Cette expérience est assez pittoresque, puisque le chauffeur ne sait absolument pas où nous souhaitons nous rendre (ce qui n’a rien d’exceptionnel, puisque les rues sont nettement moins bien organisées que chez nous). Après un coup de téléphone à notre guesthouse, nous voici en route et arrivons (presque) à bon port. Il nous dépose à un pâté de maison, à nous de trouver le reste de notre chemin !