Nouveau carnet de voyage à travers une des régions les plus emblématiques d’Espagne : l’Andalousie. Riche d’une histoire multiculturelle et mouvementée, cette région possède de véritables trésors, tous inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. De l’Alhambra de Grenade à l’Alcazar de Séville en passant par la Mezquita de Cordoue, c’est parti pour la première partie de mon road trip andalou effectué en 2018 !
Pour (re)découvrir la deuxième partie de mon périple andalou, de Séville à Malaga, c’est par ici !
Pour (re)lire mon article sur l’Andalousie en pratique, c’est par là !
Journée 1 : Malaga > Grenade
Nous arrivons à l’aéroport de Malaga en fin d’après-midi et nous nous dirigeons vers les sociétés de location de voitures. Pour cette semaine en Andalousie, nous avons favorisé cette option, plus facile selon nous, pour voyager d’une ville à l’autre.
Une fois les formalités effectuées, nous partons en direction de Grenade pour notre première étape et non des moindres. Après 1h30 de route, nous arrivons à notre hôtel. Le cœur de Grenade n’est pas vraiment compatible avec la voiture, les rues étant très étroites. Heureusement, nous nous étions assurées de la présence d’un parking à proximité de notre hôtel. Nous nous couchons tôt car la journée de demain est chargée.
Journée 2 : Grenade
Nous commençons ce périple andalou par un des lieux les plus visités d’Espagne, l’Alhambra. Je ne peux que vous conseiller de réserver vos billets en avance. Ce site est si prisé qu’il est souvent complet plusieurs mois à l’avance et vous retrouver à Grenade sans le visiter, ce serait idiot. L’autre solution vous contraindrait à aller faire la queue à l’aube dans l’espoir d’obtenir un laisser-passer après plusieurs heures d’attente. Bref, vous l’aurez compris, ce site est in-con-tour-nable et à réserver en même temps que vos billets d’avion !
L’Alhambra, qui signifie « rouge » en arabe, est le seul palais arabe construit au Moyen-Âge qui soit encore intact, ce qui en fait un site historique incontestable. Il est en effet épargné du saccage après l’expulsion des Maures d’Espagne et même restauré par les Rois catholiques après la Reconquista. Depuis l’arrivée de la dynastie nasrides en 1238 jusqu’au XIVème siècle, cette gigantesque cité, cernée de plus de 2km de remparts, est composée de palais, jardins, bains, mosquée et d’une forteresse.
Il faut compter une bonne demi-journée de visite pour tout voir. Après un solide petit-déjeuner, nous prenons un bus qui grimpe jusqu’à l’entrée principale. Si une partie du site est accessible gratuitement, le billet donne accès à l’Alhambra à proprement parlé et surtout aux Palais Nasrides (heure de réservation sur le billet).
Les Palais Nasrides sont un ensemble de palais construits entre 1238 et 1391. Servant à la fois de forteresse et de palais aux émirs, il est composé de trois édifices composés de patios, corridors, salons et chambres :
- El Mexuar (salle du Conseil) : partie la plus ancienne des palais, c’est ici que siégeait le tribunal royal. Si cette partie a été une des plus remaniée au fil des siècles, c’est dans le Chambre Dorée que j’aurais mon premier choc visuel en levant les yeux au plafond.
- El Comares : centre de l’activité diplomatique et politique de l’Alhambra. Il regroupe le Patio de los Arrayanes (Cour des Myrtes), la Sala de la Barca et le Salon des Ambassadeurs. Cet ensemble nous montre à quel point les Arabes maitrisaient le jeu des volumes et de l’espace. On y retrouve toutes les splendeurs de l’art nasrides : arabesques, azulejos, balcons, stalactites où les versets du Coran se mêlent aux arabesques orientales et un chef d’œuvre de l’ébénisterie nasrides au plafond. Une véritable beauté !
- Le Patio de los Leones (cour des Lions) : c’est la partie la plus privée du palais puisqu’elle était réservée au Sultan et son Harem. En son centre, trône la célèbre fontaine aux 12 lions. De part et d’autre, nous visitons des salles aux magnifiques plafonds en forme de voûtes étoilées et multitudes d’arabesques sculptés. Difficile de savoir où donner de la tête tant chaque détail est magnifique…
La visite de ces palais magnifiques se terminent par les appartements de Charles Quint, qui furent construits en 1526, et qu’il ne visita que lors de son voyage de noce.
En sortant des Palais Nasrides, nous découvrons d’ailleurs le Palais de Charles Quint. L’architecture massive et austère de ce palais construit au XIVème siècle a de quoi nous étonner après autant de beautés mauresques. Le bâtiment carré en extérieur cache une vaste cour circulaire de 30m de diamètre à deux niveaux. Ce palais construit par Charles Quint pour sa grand-mère Isabelle la Catholique, car elle avait froid, ne fut jamais achevé et habité.
Nous allons ensuite visiter l’Alcazaba, dressée telle une vigie sur la colline. Cet édifice, bien moins impressionnant que ses voisins, était la forteresse de la ville érigée au XIème siècle, ce qui en fait la partie la plus ancienne de tout le site. On y découvre les anciennes casernes et les réservoirs qui servaient à approvisionner les armées en eau potable. Du haut de sa tour de la Vela, on découvre un panorama époustouflant sur Grenade et sa vallée.
Après une déambulation dans les jardins de l’Alhambra, nous nous dirigeons progressivement vers le dernier « gros morceau », le Generalife. Les princes en avaient fait leur palais d’été, profitant de la fraicheur des jardins, tout en étant proches de l’activité politique et de l’Alhambra. Si le palais semble, en comparaison des palais nasrides, d’une étonnante simplicité, les jardins sont en revanche magnifiques. Finir cette visite sur cette touche de verdure est très agréable.
Nous nous dirigeons vers la sortie pour découvrir un peu la ville « d’en bas ». Après une pause restauration bien méritée, nous déambulons dans le quartier de l’Albaicín. Ce dédale de ruelles, jonchées de jolies maisons blanches, rappellent qu’avant la Reconquista, ce quartier a été façonné par les Arabes. Du XIème au XIVème siècle, le quartier compte 26 mosquées et 600 000 habitants.
Nous aurions pu y passer le reste de la journée, mais nous choisissons au bout de deux heures de filer vers le quartier historique pour y découvrir la Cathédrale et la Chapelle Royale de Grenade. En comparaison de notre visite de l’Alhambra, la Cathédrale de l’Incarnation nous parait bien fade. Nous nous reconnectons avec le style Renaissance et Baroque et traversons l’édifice la tête en l’air. Nous poursuivons ensuite notre découverte vers la Chapelle Royale attenante. L’édifice est construit pour accueillir les dépouilles des Rois Catholique, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon.
La fatigue se fait sentir, nous regagnons notre hôtel après cette première journée bien chargée.
Journée 3 : Cordoue
Nous aurions pu choisir de rester une deuxième journée à Grenade, tant il y a de choses à découvrir, mais nous décidons de reprendre la voiture, direction Cordoue. Après 2h de route, nous y sommes. Nous garons notre voiture non loin de la Porte de Séville et nous nous engouffrons dans la vieille ville.
Cordoue fut au Moyen-Âge le symbole européen de la tolérance et du rayonnement des arts et des sciences. Chose rarissime à cette époque, Juifs, Musulmans et Catholiques cohabitaient en toute harmonie, attirant les plus grands esprits et les plus grands artisans et faisant de Cordoue la plus grande ville d’Europe au Xème siècle. Cela ne dure malheureusement pas. Ce fragile équilibre est mis à mal par de nombreuses querelles intestines, pour finir par le coup final porté par les rois chrétiens de Castille, d’Aragon et de Navarre, obligeant les Arabes à fuir l’Espagne qu’ils occupaient depuis plusieurs siècles.
La perle de Cordoue se situe au centre de la ville, la Mezquita-Catedral. Symbole de l’intégration réussie des Arabes au Xème siècle, cet édifice est unique en son genre. Il s’agit de la plus grande mosquée conservée en Espagne dans sa structure d’origine et l’une des plus vaste du monde. La Mezquita est considérée comme le monument islamique le plus important d’Occident.
On entre par le Cour des Orangers, surplombée du minaret désormais clocher. En pénétrant dans l’édifice intérieur, je suis saisie par la forêt de colonnes qui se présente sous mes yeux. Il en subsiste 854 sur les 1000 que comportait la mosquée avant la Reconquista ! Le choc visuel dure plusieurs minutes, le temps de se fondre au cœur du bâtiment en s’attardant sur les perspectives et les alignements.
Au cœur de l’ancienne mosquée, le changement net d’architecture rappelle qu’il s’agit désormais d’une cathédrale. Véritable florilège de styles architecturaux, tel le gothique tardif, Renaissance, baroque, la chapelle est construite à partir de 1523 par Charles Quint, qui regrettera amèrement cette décision (et je ne peux le contredire…). En effet, le roi ne connait pas l’édifice quand il donne son accord et lorsqu’il s’y déplace finalement, dira : « Si j’avais su ce que vous aviez là, je n’aurais pas permis qu’on y touche, car vous avez fait ce qui peut se faire n’importe où et vous avez détruit ce qui était unique au monde ».
De l’autre côté, la Maqsura et le Mirhab symbolise le cœur de la mosquée, seuls le calife et sa cour y avait accès. Je suis à nouveau saisie par le travail époustouflant des moulures et mosaïques. L’ensemble est absolument sublime. Cette visite mêlant architecture baroque catholique et islamique offre un ensemble atypique saisissant.
En sortant de la Mezquita, nous nous dirigeons vers la Judería. Quartier entourant l’édifice, il s’agit de l’ancien quartier juif et plus vieux quartier de Cordoue. La communauté juive était la plus importante du monde ibérique au XIème siècle, qui participa sans conteste à la prospérité de la ville. Nous nous perdons dans le dédale des ruelles et choisissons un restaurant avec une cour intérieure, calme et fraiche pour nous restaurer.
Après un petit tour du cœur historique de la ville, nous repartons sur la route direction Séville. La route est rapide, les deux villes n’étant qu’à 1h30 de route. Le temps de trouver de quoi garer la voiture (ce qui nous vaudra plusieurs tours de quartier), nous nous installons dans notre Airbnb. Coucher tôt, demain est une nouvelle grosse journée de visite !
Journée 4 : Séville
Capitale de l’Andalousie et 4ème plus grande ville d’Espagne, Séville est une ville connue pour son sens de la fête et de la liberté. Aux quartiers populaires, se mêlent monuments historiques et architecture moderne. C’est parti pour une visite de 3 jours dans ses ruelles fleuries.
Première étape, et non des moindres, le Real Alcázar. Il est le fruit des constructions successives des monarques entre le Xème et le XIXème siècle, tous les occupants voulant y ajouter leur pierre à l’édifice. Ce qui explique que se mélangent le gothique, le baroque, le mudéjar et autres styles intermédiaires.
Nous arrivons en milieu de matinée et découvrons une importante queue à l’entrée. Nous patienterons 1h avant de pouvoir entrer, ce qui m’incite à vous conseiller vivement de réserver vos places comme à l’Alhambra.
Bien que moins impressionnants que les édifices que nous avons vus jusque-là, l’Alcázar est un passage obligé. Le Patio de la Montería et le Palacio Mudéjar rivalisent de beauté par leur style mudéjar, mélange d’art chrétien et d’art musulman. Les jardins, avec ses bassins et les nombreux palmiers, rappellent le génie des Arabes à mêler l’eau et la végétation.
Une fois sortie du Real Alcázar, nous nous dirigeons vers la plus célèbre place de Séville, voir d’Espagne, la Place d’Espagne. Par ses proportions grandioses, elle forme un demi-cercle de 200m, elle servit à des manifestations de masse pendant l’Exposition hispano-américaine de 1929. Les pavillons de la place sont intégralement revêtus de matériaux nobles, telle la brique, la pierre et les azulejos et les 48 bancs qui compensent la place représentent les différentes provinces espagnoles. La place vous rappelle quelque chose ? Vous l’avez peut-être vue dans une scène de L’Attaque des Clones, le deuxième épisode de Star Wars, ou dans le film Lawrence d’Arabie de David Lean.
Nous remontons ensuite tout le quartier du centre pour rejoindre notre appartement, mais avant passage vers un édifice atypique, Metropol Parasol. Lorsqu’on visite l’Alcázar dans la journée, nous avons un accès gratuit à l’Antiquarium, présentant les vestiges de la présence romaine à Séville entre le Ier et le VIème après JC. Puisque c’est gratuit, nous y passons rapidement.
Puis nous montons sur ce « parasol » moderne. Rebaptisée « las Setas » (les champignons) par les sévillans, cette structure moderne en bois de 28m (l’une des plus grandes du monde) est construite dans le cadre de la réhabilitation de la Plaza de la Encarnación. Nous profitons de la vue, devant un verre, avant de rentrer, puisque l’édifice possède un bar et une terrasse à son sommet.
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