Où trouver les vestiges du mur des Fermiers Généraux ?

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de ce mur des fermiers généraux. Cette légendaire enceinte fiscale va marquer au fer rouge le paysage parisien, tant d’un point de vue géographique que sociologique. Quelles sont les raisons de sa construction ? Quel impact a-t-il eu dans Paris ? Où trouver les vestiges de ce mur ? Je vous dis tout en 3 points !

La construction d’une enceinte fiscale

Le mur des Fermiers Généraux, appelé aussi mur d’Octroi, est construit à partir de 1784 et avait pour objectif de taxer les marchandises entrant dans Paris.

La collecte des impôts de l’enceinte fiscale, effective entre 1788 et 1860, était assurée par 40 financiers de la Ferme Générale, d’où le nom de l’enceinte des Fermiers Généraux.
Ces hommes, qui prélevaient un impôt, nommé aussi octroi, à chaque denrée destinée à la consommation entrant dans Paris, amassent des fortunes pour le compte du Roi.

La rotonde de la Villette © La Tête en l’Air

La construction de cette enceinte ainsi que des barrières (pour le logement et les bureaux des employés) a pour but de réduire la fraude. Ils avaient aussi la fonction d’accueillir un corps de garde chargé de la surveillance du chemin de ronde et des entrepôts.

L’ensemble de la construction, comprenant le mur et les barrières, fut érigé sous la responsabilité de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux. Principal créateur au XVIIIème siècle du style architectural néoclassique, il avait imaginé les barrières comme des symboles de solennité et de magnificence, aggravant au passage l’accueil du peuple pour ces nouvelles constructions.

Barrière de Clichy en 1859 – Place de Clichy – Photo prise du boulevard des Batignolles

L’arrivée des guinguettes dans les communes limitrophes

Le mur d’octroi s’attire la haine des parisiens, qui n’auront de cesse de contourner l’impôt. Une des conséquences qui marquera la capitale sera l’installation progressive des guinguettes au pied du mur. Moins chers, car en dehors de l’enceinte, ces établissements deviennent des lieux incontournables de plaisir et des distractions populaires parisiennes. Ils connaitront un succès tel qu’ils feront des villages dans lesquels ils sont implantés les quartiers festifs de demain : Montmartre, Belleville et Ménilmontant, Charonne, ou Montparnasse.

La barrière du Tröne © La Tête en l’Air

En effet, en 1860, le baron Haussmann façonne un nouveau Paris plus moderne. En parallèle, la construction d’une nouvelle enceinte, plus éloignée, marque de nouvelles frontières pour Paris. 24 communes, limitrophes du mur des fermiers généraux, sont absorbées dans la géographie parisienne et le mur des Fermiers Généraux est démoli.

Cette nouvelle enceinte, du nom d’enceinte de Thiers, marque les nouvelles limites de la capitale, celles que nous connaissons aujourd’hui. Bien que détruite, elle aussi, entre 1919 et 1929, on connait malgré tout son tracé puisqu’elle se situait entre les boulevards des Maréchaux et le boulevard périphérique.

Mur des Fermiers Généraux en bleu / Enceinte de Thiers en rouge

Quels sont les vestiges du mur ?

L’enceinte des Fermiers Généraux faisait 24 km de longueur et comptait 61 barrières. Il est aujourd’hui facile de se représenter le tracé puisque les lignes 2 et 6 du métro, avec leurs stations aériennes, furent édifiées sur les ruines de cette muraille.

La rotonde du Parc Monceau © La Tête en l’Air

Il ne subsiste que 4 barrières, ou « propylées » comme aimait les appeler Ledoux :

  • La rotonde de la Villette (Place Stalingrad, Métro Stalingrad ou Jaurès) : destinée à contrôler les marchandises acheminées depuis le canal de l’Ourcq ;
  • La rotonde du Parc Monceau (Entrée boulevard de Courcelles, Métro Monceau) : plus esthétique que fonctionnelle, car on ne passait pas par cette barrière. C’était une coquetterie de la part de Ledoux envers le duc d’Orléans, créateur et propriétaire du Parc Monceau ;
  • La barrière du Trône (Place de la Nation, Métro Nation) :  la place du Trône (ancien nom de la place) est une entrée royale, en raison de sa proximité avec le château de Vincennes. On décide donc de construire ces colonnes monumentales de 60 mètres, plutôt que les édifices habituels. Les statues à leurs extrémités représentent Saint Louis et Philippe Auguste, deux grands rois fondateurs ;
  • La barrière d’Enfer (Avenue du Colonel-Rol-Henri-Tanguy, Métro Denfert-Rochereau) : constituée de deux pavillons identiques, dont l’un sera utilisé dans ses souterrains comme état-major pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le Musée de la Libération y a ouvert en 2019. L’autre est désormais l’entrée officielle des Catacombes de Paris.
La barrière d’Enfer © Coyau – Wikipédia

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