Inutile de présenter le lycée Henri IV, tant il est réputé pour ses excellents résultats au Bac et aux classes préparatoires. Il est aussi connu pour son élitisme et son manque de diversité, bien que des programmes tendent, depuis quelques années, à inverser la tendance. Ce qu’on sait moins, en revanche, c’est que le lycée est bâti sur les vestiges d’une abbaye millénaire. Plongée dans l’histoire du lycée Henri IV qui remonte aux temps de Clovis et de Sainte-Geneviève.
L’abbaye Sainte-Geneviève
Clovis, roi des Francs, fonde en 506 le monastère royal des Saints Apôtres, dédiés aux saints Pierre et Paul. Il y est inhumé en 511, suivi l’année suivante par sa femme, la reine Clotilde. L’abbaye acquiert un prestige sans pareil en recevant les reliques de Sainte-Geneviève, sainte patronne de Paris. Les siècles suivants virent la croissance de l’abbaye, difficile et lente en raison de la pauvreté découlant des nombreux raids vikings.
Au XIIème siècle, l’abbaye prospère enfin en accueillant une école de théologie et des copistes. Elle fait alors partie intégrante de l’Université de Paris, la future Sorbonne. En 1624, elle est dotée d’une bibliothèque, qui en 40 ans atteint 8 000 volumes. En 1764, Louis XV pose la première pierre d’une nouvelle église monumentale pour l’abbaye Sainte-Geneviève, qui deviendra le Panthéon à la Révolution française.
En raison de la richesse de la bibliothèque (troisième plus grande d’Europe après celles du Vatican et d’Oxford), l’abbaye n’est pas détruite par les révolutionnaires. Après y avoir chassé les chanoines, on y installe l’Ecole du Panthéon en 1795. Devenu lycée Napoléon, premier lycée de la République, il est renommé lycée Henri IV sous la Restauration.
L’architecture du lycée issue de l’abbaye
Du XIIIème, du XVIIème et du XVIIIème siècles, subsistent la plupart des bâtiments d’aujourd’hui.
Point central de l’ancienne abbaye, l’escalier des Prophètes, construit en 1676, sépare les 3 cours du lycée et l’ancien cloître. On le surnomme ainsi en raison de la présence de quatre statues de Daniel, Isaïe, Jérémie et Ezechiel au pied de l’escalier.
L’actuel cloitre est lui reconstruit en 1744. Il accueille deux statues, commémorant les deux guerres mondiales.
La transformation majeure du XIXème siècle s’est accomplie lors de la création du lycée. En 1803, il existait encore deux églises, dont l’une, l’église Saint-Etienne-du-Mont est encore en place aujourd’hui.
La percée de la rue Clovis et la construction de la façade du lycée engendrent la destruction de l’autre édifice. La tour Clovis, seule, subsiste de cette deuxième église. Vestige de l’ancien clocher, la tour possède une base construite sous Philippe Auguste. Les ogives des 2ème et 3ème étages sont édifiées au XIVème siècle et le couronnement de la tour est reconstruit en 1483 en style gothique flamboyant.
Les curiosités du lycée
Le lycée possède une petite chapelle, utilisée pour les concerts des lycées notamment. Il s’agissait du réfectoire des moines. Dans les cours du Méridien et Descartes, subsistent deux cadrans solaires.
Le lycée Henri IV regorge donc de petits trésors que seuls les élèves peuvent admirer, tel le cabinet des Médailles. Ancien cabinet de curiosités, la salle des Médailles est rénovée par le duc d’Orléans sous Louis XV pour y accueillir comme son nom l’indique sa collection de médailles. Les élèves peuvent y admirer les boiseries, les grands miroirs et les frises aux corniches.
Le lycée est exclusivement réservé aux élèves et personnels de l’Education Nationale. Il est uniquement ouvert au public pendant les Journées Européennes du Patrimoine. La tour Clovis n’est pas visitable (sauf pour de rares privilégiés…).
Lycée Henri IV
23, rue Clovis, 5ème arrondissement
Métro Cardinal-Lemoine
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