Une chapelle secrète, des pierres tombales cachées, une légende sinistre sur fond de cannibalisme, voilà quelques-uns des secrets que renferme cette petite rue, toute proche de Notre-Dame de Paris. Riche d’une longue histoire séculaire, la rue, dont le nom rappelle les habitants du quartier au Moyen-Âge, mérite un détour à votre prochain passage sur l’île de la Cité.
Les pierres tombales du n° 26
Le n° 26 de la rue Chanoinesse a beau être protégé par un digicode, un trésor est à portée de main. Peu d’habitants le savent, mais la cour de cet immeuble est recouverte de quelques dalles comportant des inscriptions d’aspect gothique. Il s’agit en fait de pierres tombales issues d’un ancien établissement religieux de l’île de la Cité habité par des moines.
L’île était occupée par de très nombreux édifices religieux au Moyen Âge et jusqu’au XVIIIème siècle. Leur disparition progressive coïncide avec la réutilisation de leurs pierres pour construire ailleurs. Les pierres tombales n’échappent pas au recyclage…
La légende sordide de la rue
Miquelon et Cabard sont pâtissier et barbier. L’un est réputé pour ses excellents pâtés, l’autre pour son savoir-faire. Tous deux usent de leur talent pour gérer un trafic macabre. Dans la cave qu’ils partagent, l’un égorge les victimes, souvent des étudiants logeant chez les chanoines de Notre-Dame, et l’autre confectionne, à partir de la chair fraîche des défunts, les délicieux pâtés.
Leur funeste commerce est découvert le jour où le chien d’une victime hurle à la mort devant la boutique, alertant le voisinage. Les deux compères sont brûlés vifs. Cette légende du XIVème siècle vous dit quelque chose ? La pièce, (puis le film de Tim Burton), Sweeney Todd, s’inspire de ce sinistre fait divers parisien.
La chapelle cachée du n° 24
L’île de la Cité ne comptait pas moins d’une vingtaine de chapelles et d’églises au XIIème siècle. Parmi elles, la petite chapelle Saint-Aignan est la seule à être arrivée jusqu’à nous. Construite vers 1116 par Etienne de Galande, chancelier du roi Louis VI le Gros, l’édifice de style roman était de petite taille (10m sur 5.2m) et s’appuyait à l’extérieur du mur d’enceinte gallo-romaine. On raconte qu’Abélard y priait et c’est ici qu’il rencontra Héloïse.
Vendue après la Révolution française, la chapelle est séparée en deux, une partie servant ensuite d’écuries. Elle est finalement rachetée par l’archidiocèse de Paris en 1992. La chapelle Saint-Aignan est un des rares témoignages de l’architecture romane à Paris. En raison des messes quotidiennes, le site n’est pas ouvert au public. Cependant, il est dit sur certains sites que l’église peut être visitable pendant les Journées du Patrimoine.
A voir aussi dans la rue
- Une trace d’obtus de la Grosse Bertha tiré pendant la première guerre mondiale au n° 3 ;
- Un joli bâtiment de briques rouges abritant les locaux de l’Ecole Nationale de la Magistrature construit en 1853 au n° 8 ;
- Un bâtiment industriel accueillant une sous-station électrique destinée à alimenter la ligne 4 du métro au n° 19, elle est reconvertie en bureaux techniques de la RATP dans les années 60.
Rue Chanoinesse, 4ème arrondissement
Métro Cité