Gibets, piloris ou potences, voilà des termes dont on ignorerait presque la signification. Pourtant, ces lieux de supplices et de mises à mort étaient très en vogue au Moyen-Âge en France. S’ils ont disparu depuis plusieurs siècles, ces lieux avaient envahi la capitale pendant plus de 400 ans. Voici l’histoire de 3 d’entre eux, réputés les plus lugubres.
La potence de l’Arbre Sec
Impossible en passant devant l’ancienne fontaine de la Croix-du-Trahoir, édifiée en 1529, d’imaginer que le lieu a connu de nombreuses exécutions publiques. Il y en avait pour tous les goûts ! On bouillait les faux-monnayeurs, on coupait les oreilles de domestiques trop curieux. On y installe également une roue de supplice (« arbre sec ») et une potence pour le plus grand plaisir des passants. On dresse également une croix devant laquelle les condamnés formulent leurs dernières prières. Et parce que tous ces spectacles donnent faim, on pouvait facilement faire son marché autour des étals de viandes et de légumes… Curieuse époque !
51, rue de l’Arbre Sec, 1er arrondissement
Métro Louvre-Rivoli
Le Pilori des Halles
On trouvait à l’angle des rues Pierre Lescot et Rambuteau l’emplacement du triste pilori des Halles. Cette tour percée de huit fenêtres avait en son centre une roue en bois qui tournait sur pivot et était percée de trous.
Ainsi, on faisait passer les bras et les têtes des personnes condamnées et on les exposait aux regards, quolibets et insultes de la foule pendant 3 jours, faisant tourner régulièrement la roue pour que tout un chacun voit les condamnés sous tous les angles. On pouvait lancer des ordures ou de la boue vers le pilori, mais surtout pas des pierres, il ne fallait pas « abîmer » les condamnés avant leur mise à mort… Installé au XIVème siècle, le pilori des Halles est finalement détruit en 1789.
Croisement des rues Pierre Lescot et Rambuteau, 1er arrondissement
Métro Châtelet – Les Halles
Le gibet de Montfaucon
Les fourches patibulaires de la Grande Justice de Paris étaient le principal et le plus grand gibet des rois de France. Situé sur la butte Montfaucon, proche de l’actuelle place du Colonel Fabien, ce site accueillait les pendaisons ordonnées sous la juridiction royale entre le XIème et XVIIIème siècles. Les dépouilles pendues, parfois démembrées ou décapitées, étaient ensuite exposées aux vents et aux corbeaux.
Ce lieu lugubre pouvait exposer environ 50 pendus simultanément et était visible à quelques lieues à la ronde. Pour suppléer ce gibet, on construisit un deuxième site de pendaison à proximité, le gibet de Montigny en 1328, situé au niveau de l’actuelle rue des Récollets. Progressivement abandonnés à partir du XVIIème siècle et devant l’expansion de la capitale, ces deux gibets furent finalement détruits au XVIIIème siècle, faisant oublier que le quartier était un des plus lugubres de Paris.
Entre la Place Colonel-Fabrien et la rue de la Grange aux Belles, 10ème arrondissement
Métro Colonel-Fabrien
Rue des Récollets, 10ème arrondissement
Métro Gare de l’Est