Si Paris comptait jadis de nombreux cloîtres, l’expansion de la ville et la Révolution française ont finalement eu raison de ces espaces monastiques interdits aux profanes et fermés par une enceinte. Le cloître des Billettes fait donc partie d’une liste d’irréductibles vestiges parisiens qu’il est temps de découvrir.
Le cloître des Billettes ainsi que l’église attenante du même nom se trouve sur l’emplacement de la « maison du miracle ». La légende raconte qu’un usurier juif aurait entaillé une hostie au couteau, pour ensuite la jeter dans l’eau bouillante. Cette dernière se serait alors élevée dans les airs, indemne, alors que l’eau bouillante dans le chaudron se serait immédiatement changée en sang. Le sacrilège devient un miracle chrétien, Jonathas le Juif est jugé avec hâte et brûlé vif en place de Grève, actuelle place de l’Hôtel de Ville.
La situation est une aubaine pour les autorités politiques et religieuses. Nous sommes en 1290 et les mesures anti-juives et les expulsions sont très fréquentes en France et dans toute l’Europe. Un petit miracle ne fait jamais de mal à l’Eglise, pour fidéliser ses ouailles. La fortune et les biens de l’usurier sont confisqués par le roi Philippe le Bel, qui a bien besoin de remplir les caisses vides du Trésor.
La maison du miracle est construite à la place de la maison de Jonathas. La construction de l’église se fera 4 années plus tard. Le cloître est ajouté ensuite.
Les frères hospitaliers de la Charité-Notre-Dame sont appelés par Philippe Le Bel pour s’occuper de la chapelle toute neuve en 1299. La communauté, surnommée « les Billettes » en raison de leurs vêtements, fait construire l’église en 1405 et ajoute en 1427 le cimetière et le cloître. L’église et le cloître seront modifiés à plusieurs reprises dans les siècles suivants.
A la Révolution française, l’église et son cloitre sont abandonnés. Après la promulgation des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui reconnait la liberté d’expression et de culte, les Protestants prennent possession de l’église des Billettes et de son cloitre. C’est le seul cloître médiéval qui subsiste à Paris. Il est aujourd’hui utilisé pour des expositions de jeunes artistes.
24 rue des Archives, 4ème arrondissement
Métro Hotel de Ville
Bonjour
Très intéressant !
Cependant, ai-je mal lu ? Vous indiquez que ce cloître est le seul dans Paris. Considérez-vous que le cloître de Port-Royal n’en est pas un autre?
Bien à vous.
Bonjour Pierre,
Merci pour votre message.
Je me suis mal exprimée. Techniquement, un cloitre est un espace rattaché à un édifice religieux. Ce cloitre est le dernier et seul espace rattaché à une église encore en activité. L’abbaye de Port-Royal est fermée à la Révolution Française mais a conservé le cloitre malgré sa transformation en martenité (il est très beau, d’ailleurs).Par ailleurs, il est le seul cloitre médiéval qui subsiste. C’est ce mot que j’aurais en effet dû préciser 🙂
Bien à vous