A la découverte de l’église Saint-Julien-Le-Pauvre

Assez méconnue des Parisiens, cachée par l’ombre de son illustre voisine, Notre-Dame, la petite église Saint-Julien-Le-Pauvre est pourtant très riche d’Histoire. Elle est aussi associée à de nombreux superlatifs : premier centre de l’Université, elle possède les derniers dalles romaines, et a à proximité le plus vieil arbre de Paris. L’établissement mérite qu’on s’y attarde un peu. La preuve par 4 raisons !

L’église, centre de l’Université de Paris

La basilique primitive est détruite en 886 par les Vikings pendant leur siège de Paris. La reconstruction de l’église commence à partir de 1160, en même temps que le chantier de Notre-Dame, situé de l’autre côté de la Seine. On y retrouve même des similitudes dans les techniques de construction, les spécialistes supposent que certains éléments ont été sculptés par les mêmes artistes.

Achevé en 1170, elle devient un des premiers lieux de l’Université de Paris. A cette époque, les cours sont dispensés à même les rues alentour, on y intègre donc vite les classes d’Humanité et de Philosophie. L’église devient également le siège des assemblées générales de l’Université. Le « quartier latin » est né (surnom donné en raison des classes dispensées en latin) ! Robert de Sorbon créera ensuite un établissement permettant aux étudiants de se consacrer à leurs études sans être en prise à des difficultés matérielles, la Sorbonne. La prospérité de l’église prend fin en 1562, lorsque, à la suite d’émeutes provoquées par l’élection d’un recteur contesté, elle perd son statut de centre de l’Université, déplacé alors vers la montagne Sainte-Geneviève.

Pendant les 4 siècles qui suivent, l’église tombe régulièrement en ruines, sauvée in extremis à chaque fois par la générosité de mécènes plus ou moins désintéressés. Cette église, de style gothique, est désormais affectée au culte catholique grec melkite.

© La Tête en l’Air

Les dernières dalles romaines

Devant le parvis de l’église Saint-Julien-le-Pauvre, on aperçoit un puit. Celui-ci est originaire du XIIème siècle. Il était initialement à l’intérieur de l’église mais le raccourcissement de celle-ci en 1651 pose ce puit à l’extérieur.

Derrière lui, un tas de pierres vermoulues passe complètement inaperçu. Il s’agit pourtant de deux dalles romaines en grès, retrouvées rue Saint-Jacques, utilisées pour le pavage au Vème siècle. Il s’agit des dernières dalles des voies romaines de Lutèce, toutes les autres ayant apparemment disparues.

Rue Saint Julien Le Pauvre, 5e
Métro Saint-Michel ou Maubert Mutualité

© La Tête en l’Air

La plus vieille enseigne de Paris

Impossible de passer à côté du Studio Galande sans observer la bouche charnue de l’affiche du film CULTISSIME « Rocky Horror Picture Show », qui passe chaque week-end. Voici donc une activité à faire si vous avez une bucket list parisienne ! Cela étant dit, ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il y a au-dessus : ce bas-relief est le plus vieux de Paris.

On y voit une femme et un homme ramant sur une barque, un autre homme se trouvant entre les deux. L’enseigne datant de 1380 évoque la légende de Saint Julien l’Hospitalier : celui-ci tue accidentellement ses parents et, affligé, décide de tout quitter et de devenir passeur de rivière. Un lépreux se présente un jour devant la barque et est accepté par le saint malgré sa maladie.
Ce lépreux n’est autre que le Christ en personne qui donna la vie éternelle à Saint Julien l’Hospitalier. On suppose que cette légende inspira le nom de l’église de Saint-Julien-Le-Pauvre.

42, rue Galande, 5e
Métro Saint-Michel ou Maubert Mutualité

© La Tête en l’Air

Le plus vieil arbre parisien

L’espérance de vie moyenne d’un arbre parisien est de 80 à 100 ans, soit moitié moins qu’un homologue provincial. Plusieurs raisons sont en cause : la pollution, le peu d’eau ou de terre et de nombreux ennemis (automobiles, insectes ou encore l’urine de nos amis les chiens, ou de bipèdes dépourvus de bonnes manières).

Au cœur du square Viviani, proche de la vieille église Saint-Julien-le-Pauvre, se trouve un Robinier faux acacia un peu particulier. Planté en 1602 par Jean Robin, jardinier de Henri IV, il est le plus vieil arbre de Paris. Aujourd’hui en très mauvaise posture, l’arbre est soutenu par deux béquilles en béton et son tronc est lui-même renforcé d’une injection en béton.

Square René-Viviani, 5e
Métro Saint-Michel ou Maubert Mutualité

© La Tête en l’Air

Photographie d’accueil : Pierre Poschadel pour Wikipédia

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