Que peuvent bien faire ces deux arcs de triomphe, quasiment collés l’un à l’autre, en plein cœur de Paris ? Pourquoi Louis XIV, qui donne l’ordre de leur construction, choisit cet emplacement précis ? La réponse se trouve quelques siècles auparavant, en pleine Guerre de Cent Ans, lors de la construction de la seconde muraille parisienne, ordonnée par le roi Charles V. Plongée dans ce pan de l’histoire médiévale parisienne, qui entraînera des répercussions profondes sur l’urbanisation de la capitale.
La construction d’une nouvelle enceinte en pleine Guerre de Cent Ans
Comme les autres portes de Paris, les portes Saint-Martin et Saint-Denis marquaient au Moyen-Âge, l’entrée dans la capitale, consolidées par l’enceinte construite au XIVème siècle par le roi Charles V. Cette muraille, construite sur les parties nord de la ville avaient pour vocation à remplacer la vieille muraille de Philippe Auguste, qui ne trouvait plus aucune utilité de protection. En pleine guerre de Cent Ans, qui voit les Français lutter contre les Anglais, il est plus qu’urgent de se protéger des intrusions de la Perfide Albion sur la capitale du Royaume de France.
Une fois le tracé décidé, des murs de fortifications et fossés sont construits entre 1356 et 1383. On y ajoute des portes aux endroits stratégiques. La porte Saint-Denis était le passage royal, que les souverains empruntaient vers la basilique Saint-Denis. La porte Saint-Martin menait au puissant prieuré Saint-Martin des Champs (actuel Musée des Arts et Métiers). La porte du Temple menait à l’imposant enclos des Templiers.
La porte Saint-Antoine voit la construction d’un « chastel », appelé ensuite la Bastille. La porte Saint-Honoré vient renforcer la protection de la forteresse du Louvre, construit sous Philippe Auguste au XIIIème siècle, et devenu sous Charles V la résidence royale (au détriment du Palais de la Cité, actuelle Conciergerie).
La création des Grands Boulevards
La ville continuant son expansion, l’enceinte de Charles V ne présente plus d’intérêt défensif après deux siècles d’existence. Sa démolition débute au nord de la porte Saint Honoré, avec la construction du Palais-Cardinal (futur Palais Royal). La vente des terrains de l’enceinte participe alors à la construction du nouveau rempart des Fossés-Jaunes.
Louis XIV donne l’ordre de détruire ce qui reste de la muraille pour y créer le « Cours », que nous connaissons aujourd’hui comme les Grands Boulevards. Il impose, pour appuyer son projet d’urbanisme, la construction de deux arcs de triomphe.
La porte Saint-Denis est un arc de triomphe inspiré de l’arc de Titus à Rome. Il est construit en 1672 pour célébrer la gloire de Louis XIV, d’où l’inscription « LUDOVICO MAGNO » (à Louis le Grand). Les bas-reliefs évoquent les batailles victorieuses du roi à Ultrecht et Maastricht d’un côté, en Hollande et sur le Rhin de l’autre.
La porte Saint-Martin est quant à elle construite en 1674 pour célébrer les victoires de Louis XIV sur le Rhin et en en Franche Comté. On y retrouve à nouveau tous les codes de propagande chers au Roi Soleil.
Où se trouvent les vestiges de la muraille de Charles V
Même si nous possédons peu de vestiges de cette muraille, à l’opposé de celle de Philippe Auguste, cette fortification a laissé une forte empreinte sur Paris puisque son tracé est encore aujourd’hui matérialisé par les Grands Boulevards. De nombreux escaliers sur cet ancien tracé marquent d’ailleurs les questions de dénivellations.
Le principal vestige de cette ancienne muraille est visible au Carrousel du Louvre. Mis à jour lors de fouilles effectuées en 1991, ce mur d’enceinte de 200m de long, composé de murs d’escarpe et de contrescarpe, permet d’imaginer l’imposant dispositif de défense que représentait cette muraille médiévale.
Porte Saint-Martin et porte Saint-Denis
10ème arrondissement
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